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Burkina Faso : vers une interdiction totale des plastiques pour sauver l’environnement

Face à la menace grandissante de la pollution plastique, le Burkina Faso a franchi un nouveau cap dans la lutte contre ce fléau environnemental. Lors du Conseil des ministres du 2 octobre 2024 un avant-projet de loi a été adopté, prévoyant l’interdiction totale des emballages et sachets plastiques. Cette mesure, présentée par Roger BARO, ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, marque une révision significative de la loi de 2014, qui visait initialement à interdire les plastiques non biodégradables.

Ce nouvel avant-projet de loi se distingue par l’extension de l’interdiction à tous les types d’emballages plastiques, qu’ils soient biodégradables ou non. Toutefois, des dérogations sont accordées pour certains produits industriels directement conditionnés dans du plastique. Les acteurs de l’industrie plastique bénéficieront d’un délai de six mois pour se conformer à la réglementation, après quoi la loi sera soumise au Parlement pour adoption définitive.

Le ministre Baro a rappelé les chiffres alarmants qui justifient cette décision. Selon une étude de la Banque mondiale, le Burkina Faso produit 1 288 tonnes de déchets solides municipaux par jour, dont 4 % sont des déchets plastiques, soit environ 12 000 tonnes annuelles. Ces déchets plastiques, souvent non traités, polluent les sols, bouchent les canalisations et sont à l’origine de nombreuses catastrophes écologiques et sanitaires. Ils ont notamment causé la mort de 30 % du cheptel burkinabè, des animaux ayant ingéré des plastiques dans les pâturages.

Les emballages plastiques, en particulier ceux à usage unique, représentent une menace directe pour l’environnement et la biodiversité. Non biodégradables, ils s’accumulent dans les écosystèmes, où ils peuvent mettre des siècles à se décomposer. Leur présence dans les sols empêche le développement des cultures en réduisant la capacité des sols à retenir l’eau.

De plus, le plastique est un danger pour les animaux, tant domestiques que sauvages. De nombreux animaux, dont les ruminants, confondent ces déchets avec de la nourriture, entraînant des blocages intestinaux et, souvent, la mort. En milieu urbain, les plastiques obstruent les systèmes d’évacuation des eaux, exacerbant les risques d’inondation en période de pluies, comme cela a été observé dans plusieurs villes du pays.

Sur le plan de la santé publique, la prolifération des déchets plastiques entraîne des conditions de vie insalubres, favorisant la propagation de maladies. Les déchets brûlés à l’air libre libèrent des fumées toxiques contenant des dioxines, substances cancérigènes qui affectent gravement les populations.

Pour que cette interdiction produise les effets escomptés, plusieurs conditions doivent être réunies :

1. Soutien institutionnel et juridique fort : Il est essentiel que les autorités mettent en place un cadre réglementaire strict pour veiller à l’application rigoureuse de la loi. Des sanctions appropriées doivent être prévues pour les contrevenants, afin de dissuader la production et l’utilisation des emballages plastiques interdits.

2. Sensibilisation des populations et des entreprises : Une campagne de sensibilisation nationale est indispensable pour informer le public des dangers du plastique et de l’importance de cette interdiction. Les entreprises, quant à elles, devront être accompagnées dans leur transition vers des solutions d’emballage alternatives, telles que les matériaux biodégradables ou recyclables.

3. Promotion des alternatives écologiques : Le gouvernement devra encourager et subventionner la production et l’utilisation d’emballages alternatifs. Il s’agit notamment des sacs en papier, des emballages en fibres naturelles ou d’autres matériaux durables.

4. Système efficace de gestion des déchets : En parallèle de l’interdiction, il sera nécessaire de renforcer la collecte et le recyclage des déchets plastiques existants. La mise en place de centres de tri et de valorisation des déchets contribuera à réduire les déchets plastiques résiduels.

L’interdiction des plastiques n’est pas une première en Afrique. Plusieurs pays du continent ont déjà pris des mesures similaires et enregistrent des résultats encourageants :

Rwanda : Souvent présenté comme un modèle en Afrique, le Rwanda a interdit l’utilisation des sacs plastiques dès 2008. Depuis, le pays est devenu l’un des plus propres du continent, avec des politiques environnementales strictes et des initiatives de recyclage très développées.

Kenya : En 2017, le Kenya a adopté une des législations les plus strictes au monde contre les sacs plastiques. Quiconque est pris en possession, production ou distribution de sacs plastiques encourt des amendes allant jusqu’à 38 000 dollars ou une peine de prison. En quelques années, le pays a drastiquement réduit la pollution plastique.

Maroc : Le Maroc, avec sa loi de 2016, a interdit la production et l’utilisation des sacs plastiques. L’une des clés de leur succès a été l’implication de l’industrie locale dans le développement d’alternatives, telles que les sacs en papier ou en tissu.

L’interdiction des emballages et sachets plastiques au Burkina Faso est une mesure ambitieuse qui témoigne de la volonté du gouvernement de protéger l’environnement et d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens. Cependant, pour qu’elle soit véritablement efficace, il faudra non seulement un cadre législatif rigoureux, mais aussi un engagement collectif des citoyens, des entreprises et de l’État. Si le Burkina Faso parvient à surmonter ces défis, il pourrait rejoindre les rangs des pays africains pionniers dans la lutte contre la pollution plastique.

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