Du 21 octobre au 1er novembre 2024, la Colombie accueille la 16e Conférence des Parties (COP 16) sur la biodiversité à Cali. Cet événement marque la première rencontre mondiale sur la biodiversité depuis l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal en 2022, un cadre ambitieux visant à freiner la crise de la biodiversité qui menace la vie et les écosystèmes de notre planète.
Un Agenda Déterminant pour l’Avenir de la Biodiversité
Les objectifs principaux de cette COP 16 sont au cœur des discussions, mettant en avant la nécessité de concrétiser les engagements du Cadre de Kunming-Montréal à travers des actions mondiales ambitieuses :
1. La mise en œuvre du Cadre mondial pour la biodiversité : L’accord comprend 23 objectifs, dont le plus notable est de protéger 30 % des terres et des mers de la planète d’ici 2030. De plus, il inclut des mesures pour enrayer l’extinction des espèces, qui sont en grande partie causées par les activités humaines.
2. Mobilisation des financements : Les États se sont fixés pour objectif de rassembler 200 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer les efforts de conservation, avec une contribution de 30 milliards provenant des pays développés. Ce financement est crucial pour soutenir les efforts des pays en développement, qui hébergent une grande partie de la biodiversité mondiale mais manquent souvent des ressources nécessaires pour la protéger.
3. Partage équitable des avantages : Cette COP vise également à établir un mécanisme multilatéral pour le partage des bénéfices issus des ressources génétiques, en particulier l’information numérique sur les séquences génétiques (DSI). Cette initiative est cruciale pour assurer un accès juste à ces ressources et renforcer la sécurité juridique pour leurs utilisateurs.
Enjeux Mondiaux de la COP 16 : La Biodiversité face à la Crise Climatique
Dans un contexte où le changement climatique exacerbe la perte de biodiversité, la COP 16 est perçue comme une opportunité de synchroniser les efforts mondiaux pour la protection de la biodiversité et la lutte contre le réchauffement climatique. Parmi les discussions prévues figurent :
L’évaluation des progrès nationaux : Les pays devront rendre compte de leurs stratégies pour préserver la biodiversité. Cette transparence est essentielle pour identifier les domaines nécessitant un soutien supplémentaire.
L’élaboration de cadres de suivi : Il est essentiel de mettre en place des outils de suivi pour évaluer les progrès réalisés et assurer l’atteinte des objectifs.
La collaboration entre pays développés et en développement : Cette collaboration, particulièrement en matière de financement et de partage des connaissances, est cruciale pour s’assurer que tous les pays, y compris les plus vulnérables, aient la capacité d’agir.
Enjeux Majeurs pour les Pays en Développement
Les pays en développement, qui abritent une richesse biologique inestimable, sont confrontés à des défis uniques dans la mise en œuvre des objectifs de la COP 16. Ces défis incluent :
1. La nécessité de financements durables : La promesse des pays développés de fournir 20 milliards de dollars d’ici 2025, puis 30 milliards d’ici 2030, est cruciale. Toutefois, il est essentiel que ces fonds soient rapidement mobilisés pour permettre aux pays en développement d’investir dans des programmes de conservation et de protection de la biodiversité.
2. L’accessibilité et le partage des bénéfices : Les pays en développement réclament un mécanisme mondial garantissant un partage équitable des bénéfices générés par les ressources biologiques, telles que les plantes et les animaux. Les connaissances et ressources des communautés locales et autochtones doivent être protégées et leurs droits respectés, pour éviter que des entreprises n’exploitent ces ressources sans retombées locales.
3. La protection des écosystèmes menacés : Le défi est immense pour les pays en développement, où la déforestation, l’exploitation minière et agricole menacent gravement les habitats naturels. Des financements et un soutien technique sont indispensables pour protéger 30 % de leurs terres et mers, comme le prévoit l’accord de Kunming-Montréal.
4. L’implication des communautés locales et autochtones : Leur savoir traditionnel est indispensable pour une gestion durable des écosystèmes. Cependant, leur inclusion dans les décisions reste souvent limitée, ce qui risque de compromettre l’efficacité des stratégies de conservation.
La Biodiversité : Fondement de la Vie et Clé pour un Avenir Durable
La biodiversité englobe toutes les formes de vie sur Terre : animaux, plantes, champignons et micro-organismes. Elle est essentielle pour le fonctionnement de la nature et notre bien-être. La diversité des espèces, la diversité génétique et la diversité des écosystèmes sont toutes des composantes cruciales pour la résilience écologique. La perte de biodiversité menace non seulement la survie des espèces, mais également notre accès à la nourriture, aux médicaments, et à un environnement sain.
Perspectives : Une COP 16 sous Haute Surveillance
La COP 16 sur la biodiversité est attendue comme un moment décisif. Les pays participants devront montrer un engagement sans faille pour transformer les promesses en actions concrètes. L’efficacité de cette conférence dépendra de la capacité des pays à trouver un terrain d’entente sur des questions financières, à établir des mécanismes de partage des bénéfices et à inclure les voix des communautés locales et autochtones.
En somme, les enjeux de cette COP 16 dépassent le cadre de la biodiversité, car ils touchent aussi aux droits sociaux, économiques, et culturels de millions de personnes. L’humanité attend avec espoir les résultats de cette rencontre pour s’assurer que les écosystèmes continuent de prospérer et de soutenir la vie sur Terre.
Emmanuel DIAGBOUGA