Vatican — Un tournant historique s’opère au cœur de la chrétienté. L’élection de Léon XIV à la tête de l’Église catholique ne marque pas seulement la succession de François : elle inaugure une ère résolument engagée pour la planète. Écologie intégrale, justice sociale et spiritualité s’unissent désormais sous l’impulsion de ce nouveau pape au profil singulier.
Le 8 mai 2025, la traditionnelle fumée blanche s’élevait au-dessus de la place Saint-Pierre. Mais cette fois, elle semblait porter avec elle un parfum de renouveau écologique. Léon XIV, nouveau souverain pontife, s’est immédiatement imposé comme un fervent défenseur de la Terre. Dans la droite ligne de l’encyclique Laudato Si’, il promet d’inscrire la transition écologique dans l’ADN de l’Église du XXIe siècle.
Un missionnaire entre deux mondes
Né aux États-Unis, profondément marqué par deux décennies de mission au Pérou, Léon XIV incarne le pont vivant entre le Nord industrialisé et le Sud global — ce Sud vulnérable, en première ligne face aux bouleversements climatiques. Pour lui, l’écologie n’est ni une option ni un luxe : elle est un devoir spirituel, une exigence de justice.
« Il faut passer des mots à l’action », déclarait-il dès 2024, lors d’un séminaire sur le climat à Rome. Cette conviction devient aujourd’hui un appel solennel, alors que les négociations internationales stagnent et que les appels des scientifiques deviennent de plus en plus alarmants.
Un héritier engagé, une voix prophétique
Léon XIV ne tourne pas la page de Laudato Si’, il en écrit la suite. Reprenant le flambeau de François, il rejette la logique d’exploitation du vivant et appelle à une « relation de réciprocité » avec la nature. Une vision profondément enracinée dans la doctrine sociale de l’Église, mais tournée vers les défis contemporains : sobriété, solidarité, dignité humaine.
Dans un monde fracturé par les crises écologiques, économiques et spirituelles, la parole d’un chef religieux respecté par 1,3 milliard de fidèles prend un relief particulier. Elle peut catalyser les consciences, mobiliser les communautés, interpeller les gouvernements.
Un catalyseur d’actions, une boussole d’espérance
Pour de nombreux croyants, militants et acteurs de terrain, Léon XIV incarne une espérance. « C’est rassurant d’avoir un pape qui comprend que protéger la planète, c’est aussi protéger les pauvres et les générations futures », témoigne Théophane, membre du collectif chrétien Lutte et Contemplation.
Ce pontificat débute avec une promesse forte : il est encore temps. Temps de réparer les liens brisés entre l’humanité et la création. Temps de réconcilier foi et science, prière et action, contemplation et engagement.
Une Église actrice de la transition écologique
Le choix du nom Léon n’est pas anodin : il rend hommage à Léon XIII, père de l’encyclique Rerum Novarum et pionnier de la doctrine sociale de l’Église. En écho à cet héritage, Léon XIV s’engage aux côtés des plus vulnérables — humains comme non humains. Dans cette perspective, la « maison commune » devient une terre sacrée à préserver, non à exploiter.
À la veille du dixième anniversaire de Laudato Si’, l’Église, sous son impulsion, pourrait jouer un rôle inédit dans la grande transition écologique et spirituelle de notre époque.
Une foi verte pour une planète vivante
Léon XIV nous rappelle une vérité essentielle : l’écologie n’est pas qu’un défi technique ou politique, c’est aussi une affaire de foi, de cœur et de solidarité. Sa voix, si elle porte loin, peut éveiller un nouvel humanisme écologique, guidé par l’espérance, la responsabilité et l’amour du vivant.
Comme le disait François : « Tout est lié. » Et dans cette interdépendance, chacun de nous a un rôle à jouer. L’Église, elle, semble prête à marcher en tête du cortège, guidée par ce nouveau pape vert d’espérance.
Emmanuel DIAGBOUGA