Citation du jour: « L’ homme et la nature ne font qu’un. La proteger c’est preserver l’avenir de l’homme « .

Les huiles de vidange usagées en Afrique : un danger et une opportunité

Les huiles usagées sont principalement issues des hydrocarbures, un ensemble de produits dérivés du pétrole. Elles comprennent des substances telles que l’essence, le kérosène, le fioul et les lubrifiants, qui sont indispensables au fonctionnement des moteurs et machines industrielles. Sur le plan physico-chimique, ces huiles présentent plusieurs particularités. Elles ont une faible solubilité dans l’eau, formant une couche flottante souvent visible dans les nappes phréatiques et les cours d’eau. Elles ont aussi une viscosité variable, augmentant avec la taille des molécules composant l’huile. De plus, ces composés sont fortement persistants dans l’environnement mettant ainsi plusieurs années à se dégrader. Enfin, elles sont d’une toxicité importante, notamment en raison de la présence de composés aromatiques polycycliques (HAP), de métaux lourds et d’additifs chimiques.

Le rejet non contrôlé des huiles usagées entraine plusieurs conséquences graves, notamment une pollution persistante des différents milieux naturels. Un litre d’huile peut contaminer plusieurs milliers de litres d’eau potable, mettant en danger la faune et la flore aquatiques. D’ailleurs, la pollution des barrages et lacs par ces huiles conduit assez rapidement à la mort des poissons qui y sont présents. Lorsqu’elles s’infiltrent dans le sol, ces huiles perturbent la vie microbienne et appauvrissent les terres agricoles, compromettant ainsi leur fertilité. On peut d’ailleurs aisément observer que sur les sols où ont été déversées des huiles usagées, aucune herbe ne pousse. En plus, lors de la saison pluvieuse, une partie de ces huiles est lessivée par les eaux de ruissellement vers les eaux de surface. Dans les villes comme Ouagadougou où les caniveaux urbains se déversent dans les barrages, on peut affirmer qu’une partie des huiles usagées répandues sur les sols des garages se retrouvent sans nul doute dans les barrages de la ville. Sur le plan sanitaire, les hydrocarbures contenus dans ces huiles sont particulièrement toxiques pour l’homme et peuvent provoquer des troubles respiratoires, des irritations cutanées et, à long terme, des maladies graves comme le cancer. En outre, leur accumulation dans les réseaux d’assainissement entraine des obstructions importantes, favorisant les inondations et augmentant les couts d’entretien des infrastructures.

Plutôt que d’être jetées, les huiles usagées encore qualifiées « d’huiles noires » peuvent être recyclées et réutilisées. En effet de plus en plus d’entreprises se lancent dans la récupération et l’achat de ces huiles usagées auprès des garages. Ce constat a été fait dans plusieurs pays tels que le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire … ; pour n’en citer que ceux-là. L’huile usagée est en effet souvent utilisée pour vernir les planches de bois et éviter l’attaque des termites. Bien qu’efficace, cette pratique reste questionnable sur le plan sanitaire du fait du rejet de composés polluants dans l’atmosphère, dangereux pour l’homme s’il y est constamment exposé. Au Cameroun, au Burkina Faso et au Sénégal, de jeunes inventeurs ont mis en place des foyers de cuisine fonctionnant aux huiles usagées faisant ainsi de ces déchets des combustibles pouvant remplacer le charbon de bois ou le gaz butane. Lorsque l’on dispose de bonnes installations industrielles, les huiles usagées peuvent être recyclées autant de fois que nécessaire afin d’en faire des huiles de vidange pour moteurs ou même du carburant (gasoil). Toutes ces initiatives s’intégrant parfaitement dans l’économie circulaire sont pourvoyeuses d’emplois et de revenus pour les jeunes.

La gestion des huiles usagées en Afrique reste un défi environnemental et économique. Leur rejet incontrôlé cause d’importants dégâts, mais des solutions existent. Le recyclage et la valorisation de ces huiles permettent non seulement de réduire la pollution, mais aussi de créer des opportunités économiques et des emplois. Il reste toutefois nécessaire de sensibiliser les mécaniciens, garagistes et autres acteurs ayant un contact avec ces huiles sur l’importance de récupérer et stocker les huiles usagées dans de bonnes conditions et sur le port d’habillement adapté pour éviter tout contact avec la peau. Lorsque cela est possible, privilégier des sols carrelés dans les garages et les ateliers de réparation d’engins à 2 roues, afin d’empêcher l’infiltration des huiles usagées en cas de déversement accidentel.

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