Le Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, organise simultanément, du 13 au 17 novembre, la 11ème édition des Journées à Faibles Emissions de Carbone (JFEC) et la 36ème journée internationale de protection de la couche d’ozone. Placées respectivement sous le thème « JFEC : Quelles contributions face à la triple crise planétaire environnementale ? » et « Restaurer la couche d’ozone et réduire le changement climatique». Ces thématiques recherchent à de susciter un engagement citoyen en vue de réduire les émissions de polluants dans l’environnement.
Qu’en est-il exactement du changement climatique ?
Un changement climatique, ou dérèglement climatique, correspond à une modification durable des paramètres statistiques du climat global de la terre ou de ses divers climats régionaux. Il est dû essentiellement à l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère de certains gaz (notamment le dioxyde de carbone CO2), appelés, gaz à effet de serre (GES).
Les GES sont des gaz naturellement présents dans l’atmosphère qui absorbent une partie des rayons solaires, pour ensuite les redistribuer sous la forme de radiations. Sans l’effet de serre, la vie serait impossible sur terre. Mais la concentration croissante de ces GES dans l’atmosphère, participe à la déplétion de la couche d’ozone et entraine le réchauffement climatique.
Le plus souvent, lorsque nous évoquons le réchauffement climatique, rarement nous parlons des causes naturelles. Pourtant, le réchauffement climatique est beaucoup lié aux activités humaines d’où son origine anthropique. L’homme à travers ses activités quotidiennes, émet des gaz, qualifiés de gaz à effet de serre qui sont la cause principale du réchauffement climatique.
Le dioxyde de carbone (CO2) étant le principal GES; lutter contre le changement climatique, revient donc à lutter contre l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère.
Les JFEC trouvent ainsi leurs importances en ce sens qu’elles visent à inverser les tendances des émissions des gaz polluants et des gaz à effet de serre.
Définir le changement climatique est une chose, prendre des mesures concrètes est une autre. Malheureusement, peu de citoyens et institutions ont aujourd’hui pris des mesures suffisantes pour remédier aux problèmes.
Comment chaque citoyen ou institution pourrait mesurer l’ampleur de sa contribution au changement climatique ?
Toute activité ; aussi minime qu’elle soit ; quelle que soit la portée ; l’ampleur ; a un impact sur la planète. Cet impact, constitue l’empreinte carbone de l’individu ou de l structure.
Calculée en tonnes d’équivalent CO2 l’empreinte carbone est un indicateur qui mesure la quantité de gaz à effet de serre relâchée dans l’atmosphère par une activité anthropique. Elle s’applique à un individu selon son mode de vie (Comment il s’alimente ? Comment il se déplace ; son logement ; ses services publics ; ses équipements numérique) ; à une entreprise (selon ses activités) ou à un territoire. Mesurer son impact environnemental est donc la première étape pour un individu ou une institution d’optimiser son mode de vie pour réduire son impacte CO2 et agir contre le réchauffement climatique.
L’individu qui souhaiterait calculer son empreinte carbone annuelle, devrait prendre en compte tout un ensemble de données liées à ses activités et à son mode de vie :
- Le Transports : comment il se déplace au quotidiens (voiture, bus ou encore vélo) et les voyages plus exceptionnels, en avion par exemple;
- La Maison et l’énergie : le type de logement (maison, appartement), sa surface, le nombre d’habitants, les appareils ménagers utilisés, le type d’énergie (solaire ou fossile) etc… ;
- Consommation et mode de vie : quel est le régime alimentaire de la famille, les appareils électroniques utilisés, les dépenses en vêtements et en produits pharmaceutiques, d’hygiène ou de beauté, le recyclage des déchets etc…).
La complexité de la prise en compte de l’empreinte carbone dans l’évaluation des impacts environnementaux réside dans les éléments à prendre en compte dans le calcul. L’empreinte carbone d’un produit ou d’un service est calculée selon l’approche d’analyse du cycle de vie (ACV). Le calcul de l’empreinte carbone d’un produit, doit tenir compte des gaz à effet de serre (GES) qui sont émis durant tout son cycle de vie. Cela veut dire qu’on mesure tous les GES qui ont été produits durant l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication de l’objet, puis ceux produits durant sa fabrication, sa distribution et son utilisation, ainsi que la gestion de ce produit lorsqu’il est jeté, ou qu’il n’est simplement plus utilisé.
Au vue des différents paramètres qui entrent en jeu du calcul, de l’empreinte carbone, on se demande, si inciter la population à agir contre le réchauffement climatique à travers la réduction de leurs émissions du CO2 n’est pas un mythe. Mythe ou pas ; nous devrions y arriver.
Un exemple très simple :
Evaluons le bilan carbone, d’un téléphone portable ; fabriqué en Chine et utilisé au Burkina Faso ?
Notre smartphone est constitué de matériaux en provenance des 4 points du monde. Une fois raffinés, les matières premières vont être acheminées en chine pour être transformé en téléphone. A ce niveau, l’électricité nécessaire à la fabrication est produite essentiellement par des centrales à charbon très émettrices en CO2. Une fois fabriqué, mon téléphone va être stocké dans un entrepôt, avant d’être acheminé dans un centre commercial. Il sera ensuite transité par avion ou par le port de Lomé dans un conteneur pour être livrer chez un grossiste à ouagadougou. A Ouagadougou, les détaillants iront chercher pour aller entreposer dans leurs boutiques. Puis, moi, je vais me déplacer (en voiture, en transport en commun ou en moto) pour aller l’acheter. En moyenne, je vais l’utiliser 2 ans avant d’en acheter un autre. L’ancien sera jeter en poubelle ou gardé dans mon armoire. Toutes ces opérations : de l’extraction de la matière première à l’utilisation du téléphone émettent du CO2.
Pour le déplacement, nous consommons des hydrocarbures. La combustion des hydrocarbures libère du CO2. Si on considère qu’une mole d’hydrocarbure génère une mole de CO2 on estime à des tonnes de CO2 rejeté dans la nature par jour
Par extrapolation, on peut évaluer l’empreinte carbone en kg équ. CO2 ; dû aux téléphones portables dans une ville comme Ouagadougou, ayant une population estimée à 2,453 millions (RGPH, 2019) et ou la moyenne est de 2 téléphones par personne ?
Mesurer notre contribution au réchauffement climatique en ne considérant que nos besoins présents serait insuffisant. Il faut prendre en compte l’ACV de nos biens.
Si la protection de l’environnement, via la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité est généralement au cœur des préoccupations, les motivations associées pour passer à l’action peuvent être multiples !
Le Bilan Carbone qui s’impose aux entreprises est un état des lieux servant à mesurer l’ensemble des émissions directes et indirectes des gaz à effet de serre (GES) émises par chaque entreprise. Au terme de la RSE ; chaque entreprise ou institution a l’obligation de dresser sa comptabilité carbone pour s’en assurer de sa contribution (négative, positive ou nulle) sur le changement climatique et également compenser ses émissions.
Cette obligation est renforcée par la législation nationale à travers le code de l’environnement qui stipule en son Article 41, que « les entreprises sont tenues de fournir aux services compétents de l’administration en charge de l’environnement, des rapports annuels sur leur situation environnementale ».
A l’image de l’attestation fiscale délivrée par les services des impôts, le bilan carbone pourrait être exigé aux entreprises dans les dossiers d’appels d’offres. Loin d’être un outil de répression, l’établissant du bilan carbone, permettra à l’entreprise :
- De Renforcer son image de marque,
- De Construire un avantage concurrentiel,
- D’Accéder à de nouveaux marchés,
- D’Accéder à nouveaux financements
Une population explosante utilise plus de ressources. L’Empreinte Carbone est un élément d’un ensemble de pressions que l’Homme exerce sur les ressources naturelles et les services écologiques à sa disposition.Cet ensemble, appeléempreinte écologique ou empreinte environnementale, est une mesure de la pression qu’exerce l’Homme sur la planète. Contrairement à l’empreinte carbone ; elle est mesurée en hectares globaux ou en nombre de planètes et permet d’estimer la surface terrestre nécessaire à chaque individu pour subvenir à ses besoins : alimentation, déplacement, logement, eau potable et l’absorption des déchets que lui-même a généré.
Mon mode de vie est-il soutenable s’il était adopté par tous?
Face à tous les défis écologiques d’aujourd’hui, il est important de faire évoluer nos comportements. Les initiatives du gouvernement en vue de la réduction du réchauffement climatique sont à louer et à perpétuer. Adopter des transports plus doux tels que le vélo, ou les transports en commun permet de réduire les émissions de gaz à effets de serre dues aux transports.
Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Pour une durabilité des actions ; pensons éco conception, car « Purifier l’eau de la rivière qui traverse la ville, ne servira à rien, si le foyer de contamination se trouve à la source » (Soundjata KEITA).
Raymond GNOUMOU