Ouagadougou, Burkina Faso – Au cœur des discussions du Conseil des ministres du 8 mai 2024, une annonce cruciale a été faite par le ministre de l’Agriculture, des ressources animales et halieutiques, concernant la cartographie et l’évaluation du potentiel des terres agricoles du Burkina Faso. Cette révélation pourrait bien redéfinir l’agriculture et la gestion des ressources naturelles dans ce pays sahélien.
Le Burkina Faso, avec une superficie totale de terres agricoles estimée à 20 923 989 hectares, se trouve à un tournant stratégique. L’analyse récente révèle que 9 020 198 hectares de ces terres possèdent de bonnes à moyennes aptitudes pour l’agriculture, tandis que 11 178 919 hectares sont de qualité médiocre. Étonnamment, 55% des terres actuellement cultivées au Burkina Faso entrent dans cette dernière catégorie, ce qui soulève des questions importantes sur les méthodes culturales et la durabilité.
Cette étude met en lumière le fait que 59% des terres cultivables sont déjà exploitées. Cependant, il reste 8 577 429 hectares de terres agricoles potentielles non encore utilisées, offrant une marge significative pour l’expansion agricole. En particulier, les bas-fonds, avec 1 871 765 hectares identifiés, dont seulement 55% sont exploités, représentent une réserve précieuse pour l’agriculture irriguée et pourraient jouer un rôle clé dans la résilience climatique et la sécurité alimentaire.
Par ailleurs, les zones pastorales, essentielles pour l’élevage, couvrent 878 226 hectares, bien que réduites à 778 219 hectares une fois déduites les superficies affectées par les forêts classées et les concessions minières. Ce constat appelle à une gestion prudente et intégrée des terres pour équilibrer les besoins agricoles et environnementaux.
Ce diagnostic exhaustif ouvre donc plusieurs perspectives :
- Amélioration des rendements : En adoptant des technologies agricoles modernes et des pratiques durables, le Burkina Faso peut améliorer significativement les rendements des terres médiocres.
- Développement de l’agro-industrie : L’expansion des terres cultivables non utilisées peut catalyser le développement d’industries agroalimentaires, créant des emplois et stimulant l’économie.
- Gestion durable des ressources : La mise en place de stratégies de gestion intégrée des ressources en eau et en sols est essentielle pour préserver l’environnement tout en optimisant l’utilisation des terres.
La communication du ministre sonne comme un appel à l’action pour les décideurs politiques, les agriculteurs, les scientifiques et les investisseurs. Le potentiel est immense, mais sa réalisation dépendra de la capacité collective à adopter des approches innovantes et respectueuses de l’environnement pour transformer le secteur agricole du Burkina Faso. En misant sur une agriculture intelligente face au climat et en renforçant les infrastructures, le pays pourrait non seulement atteindre l’autosuffisance alimentaire mais aussi devenir un exemple en matière de développement durable en Afrique subsaharienne.
Emmanuel Diagbouga