La Ceinture Verte de Ouagadougou (CVO) représente bien plus qu’un simple projet de reboisement. C’est une initiative d’envergure visant à protéger la capitale du Burkina Faso contre les effets néfastes de la désertification et de la dégradation environnementale. Retraçons l’histoire de ce projet, ses enjeux, ses apports socioéconomiques et écosystémiques, ainsi que les défis qu’il doit relever pour assurer sa pérennité.
Histoire
L’idée de ceinture verte est née dans les années 1950 bien avant la conférence des Nations Unies sur la lutte contre la désertification organisée en 1977 à Nairobi, en réponse à une problématique de dégradation des espaces naturels. Ses principaux objectifs étaient de protéger les villes contre l’ensablement, de créer une réserve de bois de chauffe, limiter l’urbanisation non contrôlée et de constituer un tapis végétal d’arbres.
En Afrique les expériences en matière de ceinture verte sont : Ouagadougou, au Burkina Faso ; Tombouctou et Gao au Mali ; Dakar, au Sénégal ; Nouakchott, en Mauritanie et Niamey, au Niger.
Pour le cas du Burkina Faso, l’initiative de ceinture verte a commencé en 1974 par le gouvernement burkinabé. Sa mise en place a débuté en 1976 grâce à l’appui technique et financier de la coopération allemande. Selon le décret n° 98-321 PRES/PM/MEE/MIHU/MATS/MEF/ MEM/MCC/MCA du 28 juillet 1998 portant règlementation des aménagements paysagers au Burkina Faso, une Ceinture Verte est un espace occupé par des formations végétales naturelles ou artificielles, situées à la périphérie des villes et poursuivant des objectifs de préservation de l’environnement, de délimitation et d’approvisionnement en produits forestier ligneux. La Ceinture Verte est soumise au régime juridique des forêts. La mise en œuvre de la ceinture verte devait se faire sur une superficie d’environ 2100 ha avec un rythme de plantation annuel de 100 ha. En 1986 la superficie reboisée était estimée à 1032 ha environ 21km de long sur une bande de 500m.
Enjeux
la Ceinture Verte de Ouagadougou répond à plusieurs enjeux cruciaux. Elle vise à freiner l’avancée du désert, à protéger les ressources en eau de la ville contre l’ensablement, et à fournir des produits forestiers non ligneux et du bois de chauffe aux ménages. De plus, elle contribue à créer des emplois et à promouvoir l’agriculture urbaine, renforçant ainsi la sécurité alimentaire et l’autonomie économique des habitants.
Apports socioéconomiques et écosystémiques
la CVO offre une gamme étendue d’apports tant sur le plan social que sur le plan environnemental. En offrant des opportunités d’emploi aux femmes et aux personnes déplacées internes, en favorisant l’agriculture urbaine et en protégeant les ressources naturelles, elle contribue à renforcer la résilience des communautés locales face aux changements climatiques et aux pressions démographiques.
Gestion, réhabilitation et revalorisation
afin de permettre aux différents acteurs de conjuguer leurs efforts pour aboutir à une solution durable à la problématique de dégradation de la CVO, un comité pluridisciplinaire a été mis en place par arrêté ministériel n°2017-153/MEEVCC/CAB du 27 avril 2017 portant création, attributions, composition et fonctionnement du Comité de mise en œuvre de la réhabilitation de la Ceinture Verte de la Ville de Ouagadougou (CVO). Malheureusement ce comité n’a pas atteint les résultats escomptés du fait du faible implication des acteurs et du manque d’engagement réel de l’autorité politique.
Depuis 2018, la mairie de Ouagadougou s’est engagée dans la réhabilitation de la ceinture verte de la ville avec l’appui de ses partenaires dont la Fédération Nationale des Pépiniéristes et Maraichers du Burkina Faso (FNPM/BF). Cette initiative implique une approche multi-acteurs visant à restaurer cet espace vert. Des actions concrètes ont été entreprises, telles que la plantation de 1200 plants pour revitaliser la ceinture verte. Aussi, plusieurs institutions s’activent dans la mise en place de bosquets suivant une feuille de route établie à cet effet.
Impact du changement climatique
le changement climatique est identifié comme une cause potentielle de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des précipitations, ce qui souligne l’importance d’une gestion adaptée de la ceinture verte face à ces défis environnementaux.
Défis de protection et perspectives possibles
malgré ses succès, la Ceinture Verte fait face à des défis persistants, notamment liés à la croissance démographique et à l’urbanisation. Le morcellement de la ceinture verte de façon clandestine se passe au travers de la construction d’écoles, de garages, de lieux de culte, des terrains de football, d’habitations. Cependant toutes les superficies occupées ne tombent pas sous le sceau de l’illégalité. Certaines ont été loties et attribuées. C’est le cas du Palais de Kosyam, la Présidence du Faso. Pour garantir sa durabilité, il est essentiel de mettre en œuvre des mesures de protection et de gestion durable des ressources, ainsi que d’impliquer activement les habitants dans la préservation de l’environnement. Des campagnes de sensibilisation et des programmes d’éducation environnementale peuvent jouer un rôle crucial dans cet effort.
En conclusion
la Ceinture Verte de Ouagadougou incarne l’espoir d’un avenir plus durable pour la capitale du Burkina Faso. En combinant la protection de l’environnement avec le développement socioéconomique, ce projet exemplaire offre un modèle inspirant pour d’autres régions confrontées aux défis de la désertification et du changement climatique. Avec un engagement continu et une approche collaborative, la CVO peut continuer à prospérer et à protéger les ressources naturelles pour les générations futures.
Emmanuel DIAGBOUGA
Très bonne initiative
Je voudrai savoir ces quel jour on va reboiser encore la zone