Citation du jour: « L’ homme et la nature ne font qu’un. La proteger c’est preserver l’avenir de l’homme « .

Les COP 16 et 29 : Une triple urgence pour l’Afrique subsaharienne

Alors que la communauté internationale se prépare à aborder trois événements majeurs dans le cadre de la lutte contre les crises environnementales mondiales – la COP 16 de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CLD), la COP 29 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la COP 16 de la Convention sur la diversité biologique (CDB) – il est crucial de reconnaître les liens inextricables qui unissent le changement climatique, la désertification et la perte de biodiversité. Pour l’Afrique subsaharienne, cette réalité se traduit par des défis existentiels mais aussi des opportunités de transformation.

L’Afrique subsaharienne se trouve à la croisée de ces trois enjeux mondiaux. La région subit des vagues de chaleur extrêmes, des sécheresses prolongées, ainsi qu’une dégradation rapide des terres arides. Ces phénomènes sont exacerbés par les effets combinés du changement climatique, qui perturbe les cycles de précipitation, et de la désertification, qui réduit la capacité des sols à soutenir l’agriculture et la vie sauvage. Simultanément, la perte de biodiversité, souvent liée à l’exploitation excessive des ressources naturelles, met en péril les moyens de subsistance des populations rurales.

Selon la Banque mondiale, près de 65 % des terres productives du continent sont déjà dégradées, et ce chiffre pourrait encore augmenter si des mesures urgentes ne sont pas prises. Cette crise écologique menace directement la sécurité alimentaire de millions de personnes, car la majorité de la population dépend encore de l’agriculture pour sa survie. Le lien entre ces trois enjeux devient alors évident : sans action coordonnée sur le climat, la désertification et la biodiversité, il sera impossible de répondre aux besoins socio-économiques fondamentaux.

La 16e Conférence des Parties (COP 16) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CLD) offre une plateforme essentielle pour l’Afrique subsaharienne, où la dégradation des terres est une menace omniprésente. Les discussions de la COP 16 devraient se concentrer sur l’intensification des efforts en matière de restauration des terres dégradées, en particulier dans les zones sahéliennes. Le Grand Mur Vert, une initiative phare visant à restaurer 100 millions d’hectares de terres d’ici 2030, sera certainement au centre des débats. Cette initiative pourrait non seulement inverser la désertification, mais également améliorer la résilience des écosystèmes tout en fournissant des emplois verts aux communautés locales.

Parallèlement, la COP 29 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) mettra en lumière la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique. Pour l’Afrique subsaharienne, qui contribue peu aux émissions mondiales mais subit de plein fouet les conséquences du changement climatique, l’accent doit être mis sur l’adaptation. Des financements adaptés aux réalités locales sont indispensables pour soutenir des initiatives telles que l’agroécologie, qui intègre des pratiques agricoles durables en harmonie avec les écosystèmes naturels.

En outre, la question du financement climatique, souvent épineuse lors des COP, sera une priorité pour les pays africains. Ils réclament depuis longtemps des compensations financières et des soutiens techniques afin de renforcer leur résilience face aux chocs climatiques. Les débats autour du Fonds Vert pour le climat et des mécanismes de transfert de technologies seront donc suivis de près.

Enfin, la COP 16 de la Convention sur la diversité biologique (CDB) représente un autre pilier essentiel pour la survie écologique de l’Afrique subsaharienne. La région abrite une biodiversité d’une richesse inestimable, mais cette dernière est menacée par l’expansion agricole non durable, l’exploitation minière et forestière, et les effets du changement climatique. La perte de biodiversité ne signifie pas seulement la disparition des espèces, mais aussi la destruction des services écosystémiques dont dépendent les populations pour l’eau, la nourriture et la médecine traditionnelle.

L’adoption du Cadre mondial pour la biodiversité post-2020 lors de la COP 16 sera cruciale pour l’Afrique. Ce cadre vise à protéger au moins 30 % des terres et des océans d’ici 2030, tout en renforçant les droits des communautés locales et des peuples autochtones dans la gestion durable des ressources naturelles. En Afrique subsaharienne, ces objectifs sont particulièrement pertinents, car ils offrent un espoir de freiner la déforestation et de préserver des écosystèmes fragiles comme les forêts tropicales du bassin du Congo.

Les liens entre le climat, la désertification et la biodiversité sont indissociables. Pour l’Afrique subsaharienne, les enjeux climatiques sont liés à la gestion des terres et à la conservation de la biodiversité. Par exemple, la restauration des terres dégradées par la désertification peut simultanément séquestrer du carbone et favoriser la régénération des espèces. De même, la préservation de la biodiversité peut renforcer la résilience des écosystèmes face au changement climatique.

Ces trois COP offrent donc une opportunité unique pour l’Afrique subsaharienne de plaider en faveur d’une approche intégrée et coordonnée. Les solutions devront être adaptées aux réalités locales, en tenant compte des savoirs traditionnels et en mobilisant des ressources financières et techniques substantielles.

Face à l’urgence écologique, l’Afrique subsaharienne se trouve à un moment charnière. Si les décisions prises lors des COP 16 de la CLD et de la CDB ainsi que la COP 29 de la CCNUCC sont ambitieuses et mises en œuvre avec détermination, la région pourrait non seulement atténuer les effets du changement climatique, de la désertification et de la perte de biodiversité, mais aussi créer de nouvelles opportunités de développement durable. Toutefois, la réussite dépendra d’une coopération internationale solide et d’un engagement à long terme.

Les dirigeants africains et les acteurs de la société civile devront jouer un rôle central pour veiller à ce que les promesses des COP se traduisent par des actions concrètes sur le terrain, transformant ainsi la vulnérabilité de la région en force résiliente face aux défis écologiques mondiaux.

Envirinfos

Envirinfos

S’abonner
Notification pour
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x