La gestion des déchets solides est un enjeu crucial pour les villes du Burkina Faso, particulièrement dans les villes intermédiaires comme Koudougou, Bobo-Dioulasso et Ziniaré. Avec une urbanisation croissante et une augmentation de la population, le volume des déchets produits augmente de manière significative. Le secteur privé joue un rôle essentiel dans cette gestion, en complément des efforts publics.
Contexte de la gestion des déchets au Burkina Faso.
Selon les données disponibles, la ville de Koudougou, par exemple, avait une population de 216 830 habitants en 2019, et la gestion des déchets solides y est devenue un défi majeur en raison de l’augmentation de la production de déchets. À Bobo-Dioulasso, la population produit environ 73 000 tonnes de déchets par an, mais seulement 35 % de ces déchets sont effectivement collectés par les services municipaux. Dans la capitale, Ouagadougou, environ 182 500 tonnes de déchets solides sont générées chaque année, avec un taux de collecte ne dépassant pas 30 % dans certains secteurs périphériques.
Rôle du secteur privé
Le secteur privé a émergé comme un acteur clé dans la gestion des déchets solides au Burkina Faso depuis la libéralisation du marché des déchets dans les années 1990. Voici quelques aspects importants du rôle du secteur privé :
- Collecte et traitement des déchets : de nombreuses entreprises privées ont été créées pour assurer la collecte et le traitement des déchets. Ces entreprises sont souvent plus flexibles et réactives que les services publics, ce qui leur permet d’améliorer l’efficacité de la gestion des déchets ;
- Partenariats public-privé : les municipalités collaborent avec des entreprises privées pour déléguer certaines tâches liées à la gestion des déchets. Par exemple, à Ouagadougou, le service de collecte a été attribué à plusieurs sociétés privées dans le cadre d’un partenariat public-privé. Cela permet d’optimiser les ressources et d’améliorer les services offerts aux citoyens ;
- Innovation et sensibilisation : les entreprises privées apportent souvent des solutions innovantes pour le tri et le recyclage des déchets. Elles jouent également un rôle crucial dans la sensibilisation des populations à l’importance d’une bonne gestion des déchets.
Défis rencontrés par le secteur privé
Malgré son rôle important, le secteur privé fait face à plusieurs défis :
- Insuffisance financière : de nombreuses entreprises privées manquent de ressources financières suffisantes pour mener à bien leurs missions. Par exemple, à Bobo-Dioulasso, la commune ne parvient à enlever qu’environ 45 000 m³ de déchets par an sur un total de 130 000 m³ produits ;
- Coordination avec les autorités locales : l’absence de coordination entre les acteurs publics et privés peut entraîner une fragmentation des efforts et une inefficacité dans la gestion des déchets. À Koudougou, cette fragmentation a été identifiée comme un obstacle majeur à une gestion efficace ;
- Problèmes d’infrastructure : les infrastructures nécessaires pour une gestion efficace des déchets (centres de tri, décharges contrôlées) sont souvent insuffisantes ou mal entretenues.
Perspectives d’amélioration pour renforcer le rôle du secteur privé dans la gestion des déchets solides au Burkina Faso:
- Renforcement des capacités : il est essentiel d’investir dans la formation et le renforcement des capacités des entreprises privées pour améliorer leurs compétences en matière de gestion des déchets ;
- Amélioration du cadre réglementaire : un cadre légal clair et incitatif pourrait encourager davantage d’entreprises à s’engager dans ce secteur ;
- Sensibilisation communautaire : des campagnes de sensibilisation doivent être menées pour encourager les citoyens à participer activement à la gestion des déchets en s’abonnant aux services de collecte.
En conclusion, le secteur privé a un rôle crucial à jouer dans la gestion des déchets solides dans les villes intermédiaires du Burkina Faso. Cependant, il doit surmonter plusieurs défis pour maximiser son impact et contribuer efficacement à un environnement urbain plus sain.
Emmanuel DIAGBOUGA