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Pollution atmosphérique et mobilité urbaine au Sénégal : Une expérience pionnière pour l’Afrique Subsaharienne

Le Sénégal, pays pionnier en matière de mobilité urbaine durable et de lutte contre la pollution atmosphérique, fait face à des défis majeurs liés à l’urbanisation rapide et à l’augmentation du trafic routier. Selon une étude menée par le Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) en 2022, l’économie sénégalaise perd chaque année près de 900 milliards de francs CFA à cause des conséquences néfastes de la pollution automobile, des embouteillages, de l’insécurité routière et du bruit. Ces pertes représentent environ 6 % du produit intérieur brut (PIB) national.

Les résultats de l’étude du CETUD montrent que la pollution atmosphérique liée au trafic routier constitue l’externalité la plus coûteuse pour la société, représentant 56 % des pertes économiques annuelles. Les embouteillages et la congestion sont responsables de 26 % des nuisances, tandis que la sécurité routière et les émissions de gaz à effet de serre contribuent respectivement à hauteur de 10 % et 7 %. Le bruit, bien que moins significatif, représente 1 % des pertes.

Ces chiffres alarmants soulignent la nécessité de repenser les politiques de transport urbain et de mettre en place des mesures efficaces pour réduire la pollution et améliorer la qualité de vie des populations. Le Sénégal a donc élaboré un Plan de Mobilité Urbaine Soutenable (PMUS), destiné à transformer le système de transport en un modèle multimodal et inclusif. Ce plan vise à promouvoir les modes de transport respectueux de l’environnement, comme les transports en commun et les modes actifs (marche, vélo), tout en réduisant la dépendance aux véhicules privés polluants.

Dans le cadre de cette stratégie, le CETUD a récemment inauguré, le 30 septembre dernier, une station de mesure de la qualité de l’air dans le département de Pikine, en partenariat avec le projet Bus Rapid Transit (BRT). Cette installation fait partie d’un réseau de sept stations fixes réparties dans les départements de Dakar, Guédiawaye et Pikine. Exploitée par le Centre de gestion de la qualité de l’air (CGQA), cette station mesure en continu les niveaux de pollution de l’air et fournit quotidiennement un indice de qualité de l’air (IQA).

Cet indice, accessible aux décideurs et à la population, joue un rôle crucial dans la prévention des maladies respiratoires et cardiovasculaires liées à la pollution. Il sert également d’outil d’aide à la décision pour les autorités afin de renforcer les politiques publiques de lutte contre la pollution et de favoriser un environnement sain pour les habitants.

L’expérience du Sénégal peut servir de modèle pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne, où les défis de la pollution atmosphérique et de la congestion urbaine sont similaires. Pour adapter cette initiative à d’autres pays, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

1. Transfert des Connaissances et des Technologies : L’acquisition et l’exploitation de stations de mesure de la qualité de l’air, comme celles installées au Sénégal, doivent être étendues à d’autres grandes villes d’Afrique subsaharienne. Des partenariats avec des organismes internationaux et des programmes de financement peuvent faciliter ce transfert de technologies.

2. Élaboration de Plans de Mobilité Urbaine Durables : Tout comme le PMUS au Sénégal, d’autres pays doivent développer des plans de transport urbain soutenables qui mettent l’accent sur des infrastructures de transport en commun performantes, l’utilisation de modes actifs, et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des solutions comme le Bus Rapid Transit (BRT) ou les véhicules électriques pourraient être explorées.

3. Renforcement de la Coopération Régionale : Les pays de la région peuvent collaborer pour partager les bonnes pratiques, harmoniser les normes de qualité de l’air et mettre en place des systèmes de suivi régionaux. Cette coopération pourrait être facilitée par des institutions comme l’Union Africaine ou des banques régionales de développement.

4. Sensibilisation et Engagement des Populations : Informer les populations sur les dangers de la pollution atmosphérique est essentiel pour assurer l’efficacité des politiques mises en place. Les indices de qualité de l’air, comme celui développé au Sénégal, doivent être largement diffusés pour que les citoyens puissent prendre des mesures pour protéger leur santé.

L’initiative sénégalaise représente un pas important vers une meilleure gestion de la pollution urbaine et un exemple à suivre pour les autres pays d’Afrique subsaharienne. En adaptant les expériences du Sénégal, il est possible d’améliorer significativement la qualité de l’air dans les grandes métropoles africaines, tout en réduisant les coûts économiques et sanitaires associés à la pollution. La mise en place de plans de mobilité urbaine durables, associés à des systèmes de surveillance de la qualité de l’air, est une solution prometteuse pour construire des villes plus propres, plus saines et plus résilientes.

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