Dans un contexte mondial marqué par une perte alarmante de la couverture forestière, les forêts, véritables poumons de la planète, sont aujourd’hui à la croisée des chemins. Selon le rapport 2020 de la FAO, le monde a perdu environ 7,3 millions d’hectares de forêts chaque année entre 2010 et 2020.
Cette tendance dramatique résulte de multiples facteurs : déforestation massive, dégradation des écosystèmes, changement climatique, fragmentation des habitats, exploitation excessive des ressources et perte croissante de biodiversité.
L’Afrique, continent riche en écosystèmes forestiers uniques, n’est pas épargnée.
Les forêts du bassin du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Ghana ou encore du Burkina Faso, connaissent une pression croissante due à la conversion des terres pour l’agriculture, les coupes illégales de bois, la collecte non durable des produits forestiers, la croissance démographique et les aléas climatiques de plus en plus intenses.
La réponse de la communauté internationale.
Face à cette urgence, la communauté internationale s’active. L’initiative REDD+ (Réduction des Émissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts), promue par l’ONU, s’est imposée comme un levier majeur. Elle encourage les pays en développement à préserver leurs forêts tout en stimulant des alternatives économiques durables pour les communautés dépendantes de ces ressources.
Par ailleurs, des actions de reboisement, d’agroforesterie et de lutte contre l’exploitation illégale se multiplient dans diverses régions du monde, portées par des États, des ONG, des entreprises et des mouvements citoyens.
Mais ces efforts ne sauraient suffire sans un ancrage local fort. C’est ici que le rôle des initiatives nationales prend tout son sens.
Le Salon International de l’Arbre (SIA) : une réponse burkinabè d’envergure.
Organisé par le Mouvement Écologique du Burkina (M.Ec.B) depuis 2018, le Salon International de l’Arbre (SIA) s’impose comme un rendez-vous environnemental de référence dans la sous-région sahélienne. Ce salon, qui mobilise chercheurs, décideurs politiques, producteurs forestiers, jeunes innovateurs et ONG environnementales, est une réponse concrète et audacieuse à l’urgence de préserver et restaurer le couvert végétal du Burkina Faso et au-delà.
L’objectif du SIA est double : sensibiliser les populations à l’importance des arbres dans la lutte contre la désertification et le changement climatique, tout en valorisant les initiatives locales de gestion durable des ressources forestières.
Ateliers pratiques, expositions d’innovations vertes, conférences scientifiques, reboisements communautaires et cérémonies de distinction de champions de l’arbre sont autant d’activités qui rythment ce salon.
« L’arbre est notre allié contre l’insécurité alimentaire, la perte de biodiversité et l’exode rural », affirme Lazare DOULCOM, président du M.Ec.B.
« À travers le SIA, nous voulons reconnecter chaque Burkinabè à la terre, au patrimoine naturel et à sa responsabilité écologique. »
Le SIA met aussi en lumière les produits forestiers non ligneux (PFNL), comme les feuilles de moringa, le karité, le néré ou le baobab, qui offrent des opportunités économiques considérables aux femmes et aux jeunes en zone rurale.

Cette dimension socioéconomique vient renforcer le lien entre protection de la forêt et développement durable, une équation longtemps considérée comme contradictoire mais aujourd’hui réconciliée.
Une dynamique à soutenir et à étendre.
Alors que le Burkina Faso fait face à des défis environnementaux, sécuritaires et socioéconomiques de taille, des initiatives comme le SIA incarnent une résilience active. Elles démontrent qu’il est possible de concilier préservation écologique, mobilisation citoyenne et développement local.
À travers le SIA, c’est toute une vision de l’arbre comme pilier de reconstruction écologique et sociale qui se dessine.
Il est impératif que ce type de plateforme bénéficie de soutiens techniques, financiers et institutionnels accrus, tant au niveau national qu’international.
La coopération sud-sud, les partenariats publics-privés et l’intégration des savoirs endogènes dans les politiques environnementales sont des leviers essentiels pour pérenniser ces efforts.
La forêt est bien plus qu’un ensemble d’arbres. Elle est source de vie, de culture, de climat et d’avenir. Le combat pour sa sauvegarde doit se mener à toutes les échelles – globale, régionale et surtout locale. Le Salon International de l’Arbre, porté avec conviction par le Mouvement Écologique du Burkina, montre la voie : une voie d’engagement, d’innovation et d’espoir enracinée dans la terre africaine.
Emmanuel DIAGBOUGA