Dans le cadre de la campagne de reforestation 2023, votre journal donne la parole au Directeur des Forêts et de la Reforestation. Il s’agit, du Colonel des Eaux et Forêts P. Bertrand Tapsoba. Lisez plutôt !
« Envirinfos : Quelles sont les missions assignées à un Directeur des forêts comme vous ?
Bertrand Tapsoba : Le Directeur des Forêts conçoit et veille avec ses collaborateurs à la mise en œuvre des techniques et dispositions appropriées afin d’assurer l’aménagement, l’exploitation et la valorisation des forêts. Ensemble, ils travaillent à la mise en œuvre des politiques forestières notamment en matière de reforestation et d’aménagement.
Quel est l’état de la déforestation au Burkina ?
Il faut reconnaitre que la courbe de la déforestation va toujours croissante dans notre pays avec près de 247000 ha de superficie forestière perdue chaque année. Cela est dû à de nombreux facteurs dont l’exploitation illicite du bois, la divagation des animaux, les feux de brousse, l’exploitation minière, l’extension des surfaces culturales, l’extension des villes etc. Mais de nombreuses initiatives sont en cours de réalisation afin inverser cette tendance.
Quelles sont les conséquences de la déforestation pour un pays comme le Burkina Faso ?
Le Burkina Faso est un pays qui fait face à de nombreux défis, surtout d’ordre climatique avec déjà une rareté des pluies. Cet état de fait conjugué à la déforestation, entraine une paupérisation des populations déjà vulnérables. La déforestation entraine une dégradation des sols avec tous ses corollaires. Aussi, on a une forte population qui vit dépendant des produits forestiers non ligneux et du bois énergie. La rareté de ces produits a entrainé une flambé des prix au détriment de cette frange de nos citoyens. On est tenté aussi d’évoquer les questions carbones. Ainsi, la déforestation diminue la capacité de séquestration des forêts et augmente les risques climatiques.
La célébration de la 5e édition de la Journée nationale de l’arbre aura lieu ce 15 juillet dans la région de Centre. Déjà, que pensez-vous de la tenue d’une telle activité ?
La Journée Nationale de l’Arbre a été instituée par le Gouvernement pour répondre à un besoin d’une plantation responsable. Elle a permis de tendre aujourd’hui vers des plantations réalisées sur des sites sécurisés sur le plan foncier, protégés et une qualité supérieure des plants mis en terre. Elle permet de mobiliser toutes les couches socioprofessionnelles de notre pays aux opérations de plantation. Avec l’organisation de ces activités, le taux de réussite des plantations au niveau national pour les campagnes de reforestation est passé de 25% en 2018 à près de 40% en 2022. Cela démontre l’intérêt et l’impact qu’à cette journée.
Quel est l’impact de la Journée nationale de l’arbre sur la lutte pour la préservation de l’environnement au Burkina Faso ?
Comme je l’ai déjà dit, l’instauration de cette journée a permis, entre autres : d’accroître le taux de réussite des plantations ; de susciter un engouement au sein de la population pour des opérations de plantation responsable ; de magnifier l’arbre pour ses multiples vertus ; et surtout d’accroître le taux de couverture végétal de notre pays. On retiendra aussi que la JNA est une occasion pour établir aux yeux de la communauté, la corrélation entre les fonctions de l’arbre et les options de développement économique, sociale et culturelle.
On a l’impression que malgré les multiples actions de plantation, la situation va de mal en pis. Qu’en dites-vous ?
Cette perception que vous avez est juste et cela démontre qu’il est très facile de couper un arbre que de le faire pousser. Mais des efforts sont consentis avec de nouvelles orientations pour inverser cette dégradation. Il est donc question de planter pour la restauration mais surtout de préserver l’existant. C’est pourquoi, le ministère en charge de l’Environnement et ses partenaires encouragent et accompagnent tous les acteurs à la création d’espaces de conservation, qu’ils soient privés, villageois, communaux ou régionaux.
Quelles sont vos attentes par rapport à la campagne nationale de reboisement qui sera lancée le 15 juillet prochain ?
Pour la campagne de reforestation de cette année, le ministère en charge de l’Environnement a décliné sa feuille de route. Il est donc attendu la mise en terre de près de 5 millions de plants sur tout le territoire national. Pour cela, il est demandé à chaque Burkinabè, de montrer son amour à sa patrie à travers au moins la plantation d’arbres. Chaque citoyen devra donc faire de cette campagne de reforestation sienne.
D’aucuns estiment qu’il est nécessaire de revoir la politique de cette campagne en tenant compte des espèces d’arbres selon la qualité des sols ou selon la rentabilité des plants. Qu’en pensez-vous ?
Nous pouvons vous rassurer que cette problématique est déjà prise en compte par le ministère en charge de l’Environnement. A cet effet, des études sont en cours au niveau du Centre National des Semences Forestières (CNSF) et les résultats seront disponibles incessamment. Ce qui permettra d’orienter les plantations en fonction des zones climatiques et même au-delà en fonction des régions du pays.
Avez-vous un appel à lancer aux autorités et à la population ?
Avant de terminer mon propos je voudrais dire merci à Envirinfos pour cette opportunité qui nous a été donnée de parler de la reforestation 2023. Je voudrais alors saisir cette plage pour demander à chaque Burkinabè de planter et d’entretenir son arbre. Et comme le slogan de la 5ème édition le dit : « je suis patriote, je plante et j’entretien mon arbre. Et toi ? »!
Propos recueillis par la Rédaction
