Contraction de deux termes biologie et diversité ; la biodiversité désigne la diversité biologique ; la diversité de la vie !La convention sur la Diversité Biologique du 5 juin 1992 à Rio de Janeiro, définie la Diversité Biologique comme : « la variabilité au sein des organismes vivants de toutes les sources incluant celles terrestre et marine et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques auxquels elles appartiennent, cela comprend la diversité au sein des espèces, entre les espèces et des écosystèmes ». Autrement dit, la biodiversité correspond à la diversité des gènes, des espèces et des écosystèmes.
Comprendre la Biodiversité comme le total des espèces est une équation fausse. La biodiversité est un Tout ! Pour mieux appréhender, il faudrait la considérer sous l’angle des trois niveaux fonctionnels (génétique, spécifique et habitat). La diversité génétique encore appelée diversité intra- spécifique se manifeste à l’échelle des individus. Elle est essentielle pour l’évolution des populations et des espèces et la continuité de la vie sur la terre.
La diversité spécifique correspond à la diversité (nombre, nature, abondance) des différentes espèces (animales ou végétales). Enfin, la diversité écosystémique (habitat), correspond à la diversité des écosystèmes. Au Burkina par exemple, nous rencontrons divers types d’habitation (les formations forestières, les écosystèmes agricoles, les zones humides, des montagnes et des collines) qui sont identifiées comme écosystèmes et habitats abritant l’essentiel des espèces végétales et animales qui constituent les ressources biologiques du pays.
En réalité, la biodiversité constitue le principal fondement de la vie sur terre. La perspective actuelle demande aux sociétés humaines de faire un choix difficile. Celui d’exploiter pour satisfaire ses besoins à partir des ressources de plus en plus rare et celui de conserver pour satisfaire les besoins de la génération future.
L’homme est dépendant de la biodiversité non seulement pour son confort mais aussi pour sa survie. Les fonctions de la biodiversité se retrouvent dans trois groupes principaux qui sont : les fonctions de régulation, les fonctions d’approvisionnement/ de production et les fonctions culturelles.
En effet, la biodiversité est essentielle à la production alimentaire, à la production de médicament, à l’industrie, à la recherche scientifique et au tourisme. Pays essentiellement agricole le nôtre, nos ressources alimentaires proviennent essentiellement de l’agriculture, l’élevage, de la cueillette, la chasse et la pèche. La diminution de la diversité des plantes cultivées et des animaux présente un danger pour la survie de l’homme. Les plantes, pour leurs vertus thérapeutiques sont très utilisées par l’Homme dans la médecine traditionnelle comme moderne.
Dans l’industrie, un grand nombre de branches utilise directement ou indirectement le vivant dans l’industrie textile (la laine), du papier, la vannerie, le cosmétique (l’industrie du parfum), du bois, cuir et des peaux.
En matière de tourisme, l’intérêt porté à la biodiversité en tant que loisir repose sur les plantes ornementales, le commerce des plantes et animaux sauvages et l’écotourisme. L’écotourisme étant le tourisme qui met en avant le patrimoine naturel de la région visitée. Il constitue une source de devise pour la collectivité de la localité. Il semble également être un excellent moyen pour concilier écologie et économie. Pour les rites et traditions, la pérennisation de certaines pratique religieuses (fabrication des masques, les cérémonies coutumières) , est fortement dépendant de la biodiversité.
« A chacun sa biodiversité ».
Malgré cette dépendance, l’impératif est de garder une diversité biologique maximale face à une démographie galopante, avec une augmentation de la pression exercée sur la nature. L’industrie du bois doit sa survie à long terme à une gestion des forêts. Il en est de même de celle du cuir, des peaux et de l’ivoire qui peut provoquer l’extinction de certaines espèces.
La fonctionnalité d’un habitat dépend des organismes qui l’habitent. Tout organisme « inutile » qu’il soit, a un rôle à jouer dans la dynamique d’un écosystème. Il n’existe pas d’espèces ni d’écosystèmes inutiles mieux, ils sont interdépendants.
Tous les organismes sont influencés dans leurs existences par la présence d’individus non seulement de leurs propres espèces, mais également par celle d’autres espèces. Le destin d’un arbuste du champ dépendra du fait d’avoir été brouté à l’état jeune par des invertébrés. S’il survit, jusqu’à la floraison, il dépendra d’insectes colonisateurs qui vont assurer sa reproduction.
Les niveaux trophiques ou chaine alimentaire (manger et se faire manger) traduisent parfaitement l’interdépendance des êtres vivants pour leur survie sur terre. Les plantes ; organismes autotrophes sont les producteurs primaires et constituent la base de la vie sur terre. Elles sont mangées par les herbivores (consommateurs primaires) qui sont eux aussi la nourriture des prédateurs (consommateurs secondaires). Dans ce cycle, les feuilles et autres résidus devront être reminéralisés par les décomposeurs ou détritivores pour être de nouveau utilisable par les plantes.
Ainsi, la disparition d’un élément du système a toujours des répercutions sur tout le système. La disparition d’une espèce, peut entrainer la disparition d’autres espèces auxquelles elles étaient indispensables. Ce qui certainement va briser un maillon de la chaine alimentaire et détruire l’écosystème.
L’apiculteur qui détruit un peuplement d’abeille a surement oublié, le rôle pollinisateur de ses insectes pour la productivité de son champ et de ses vergers. Il en est de même pour l’agriculteur qui aura abattu un pied de Parka biglobosa dans son champ, le trouvant nuisible pour ses semis a surement oublié les services d’approvisionnement (PFNL), de soutien et de régulation que ce dernier lui offre. L’éleveur qui aura émondé un pied de khaya senegalensis pour son bétail, oublie que le traditionnaliste, en aura besoin des feuilles pour ses cérémonies coutumières.
« Cependant cette biodiversité n’est pas pérenne ».
L’homme est le principal acteur et la principale victime de la dégradation de la biodiversité. Autant « la conservation de la biodiversité est impossibles en présence de l’Homme, autant la biodiversité n’existe pas en dehors de l’Homme ».
Les causes de l’extinction du vivant sont nombreuses et l’ampleur de la crise de la biodiversité est désormais avérée. Disparition des habitats (forêts, collines, montagnes, barrages…), surexploitation du vivant (plantes), pollutions industrielles et agricoles, extension des villes et des infrastructures de transport, dégradation et destruction des paysages, introduction d’espèces invasives, changements climatiques, conversion en terres agricoles, désertification…
Les pratiques agricoles actuelles (l’utilisation de pesticides, de la fertilisation, du labour…) occasionnent de multiples dommages à la biodiversité, L’utilisation des herbicides induit une importante réduction de la diversité floristique au sein des surfaces cultivées mais également en bordure. Elle peut également avoir des conséquences sur la pédofaune, et entrainer une disparition de celle-ci par intoxication.
Les insecticides et fongicides occasionnent des dommages encore plus important sur la biodiversité que les herbicides. Ils peuvent avoir des effets directs sur les organismes cibles (mortalité, baisse de la fécondité) ou sur les organismes non cibles (arthropodes, petits mammifères, oiseaux) ; mais également des effets indirects sur les mêmes groupes soit par intoxication, soit par réduction des ressources disponibles dans le milieu. Les fertilisant (engrais) en excès et notamment dans le milieu aquatique sont la cause de l’eutrophisation du milieu ce qui entraine une prolifération des végétaux aquatiques. La prolifération de l’espèce Eichhornia Crassipes dans nos barrages constitue un frein à la survie de la biodiversité aquatique.
Mesurant la gravité de la situation de l’état de la biodiversité dans les zones à fort usage d’intrants agricoles, un paysan affirmait en ces termes : « quand un champ de coton s’installe, c’est une partie de notre histoire qui disparait ».
De nos jours, avec la démographie galopante, les terres cultivables deviennent rares pour subvenir aux besoins de plus en plus croissants de la population. La brousse est finie et l’augmentation des surfaces se fait au détriment des aires de conservation qui habitent une forte diversité biologique. Pourtant, il est reconnu, que « si on diminue de 10 fois la taille d’un habitat, il perdra à terme la moitié de sa biodiversité ».
Outre la démographie ; l’urbanisation et la transformation des terres participent à la destruction de la biodiversité. Les infrastructures comme les routes, le détournent des rivières ; inondent certains habitats et participent donc à l’appauvrissement de la biodiversité. Notre poumon de la capitale (Bangré Wéogo) en est un exemple d’inondation l’or des travaux de construction de la voie.
La carbonisation utilise une quantité importante de bois. Les zones jadis reconnues pour leur densité de la végétation, semblent l’être que de nom. Les provinces de la Sissili et du Nahouri ; principales zones d’approvisionnement des grandes villes en charbon du bois deviennent clairsemées.
Raréfaction des ressources biologique aura certainement des répercussions sur nos modes et conditions de vie. Pour se procurer du bois de chauffes, des PFNL ; les femmes et hommes en milieu rural devraient parcourir des kilomètres. Nos barrages et fleuves risquent de manquer du poisson. La nouvelle génération court le risque de ne pas connaitre certains végétaux et animaux sauvages. La pauvreté s’accentue d’avantage. Notre pauvreté est intimement liée à notre capacité à gérer nos ressources naturelles et notre l’environnement. Car ce n’est pas parce que nous sommes pauvres que nous détruisions l’environnement mais c’est parce que nous détruisions l’environnement que nous sommes pauvres. Nous assistons impuissamment au développement des maladies émergentes.
L’humanité est en crise, si la tendance persiste. Il faut donc agir car nous sommes les premiers responsables de cette situation. Pour en arriver, il faudrait:
- Favoriser la conservation des espèces déjà existantes dans leur milieu d’origine, à travers la conservation in situ dans les forêts classées, les jardins botaniques, les reboisements. Lorsque l’espèce se trouve menacée dans son milieu l’origine, penser à une conservation ex situ, en le transférant vers un milieu plus favorable.
- L’impliquer de la communauté scientifique, pour conduire la recherche vers la priorité du pays,
- L’impliquer de tous les acteurs à l’échelle nationale : les chefs coutumiers, les agriculteurs, les éleveurs, les pécheurs, les forgerons, les tradipraticiens.
C’est à ce prix que nous ferions de la conservation de la biodiversité une réalité.
Raymond GNOUMOU
Très riche en enseignement. J ai beaucoup appris . La prise en compte de la biodiversité dans les évaluations environnementales est importante de nos jours . Je vois la dimension culturelle qui vient renforcer la pratique des évaluations environnementales. Bravo et félicitations ´
Zougouri Tidjani Expert sauvegardes environnementales.