Il se nomme Kissifing Tihouhon Rodrigue Hilou. Coordonnateur des programmes du Mouvement Ecologique du Burkina, il est aussi le Coordonnateur du Comité d’organisation du Salon International de l’Arbre. Dans cet entretien, il est question de la 5e édition du SIA qui s’ouvre ce jeudi à Ouagadougou.
Envirinfo : Le Salon international de l’arbre (SIA), c’est du 6 au 8 juillet prochain. Brièvement, comment peut-on présenter ce salon ?
Rodrigue Hilou : Vous savez, l’arbre est un fournisseur universel de produits (fruits et fourrage, bois précieux, de construction ou de chauffage, etc.). Il a toujours constitué une source d’énergie, de denrées alimentaires, de « médicaments », de matériaux de construction, mais aussi source de création et d’inspiration pour les sociétés humaines. Cependant, les conclusions de la première étude universelle sur les arbres, publiée en avril 2017 par le Botanic Gardens Conservation International, faisaient savoir que sur les 60.065 espèces différentes d’arbres recensées dans le monde, 9.600 d’entre elles sont menacées d’extinction. Au niveau national aussi, on peut faire constater que les statistiques du ministère en charge de l’environnement au Burkina Faso montrent que les forêts couvrent moins de 15% du territoire national (largement en deçà de la norme internationale qui est de 30%), avec une perte annuelle évaluée à plus de 247 000 hectares.
C’est partant de ces constats que nous avons initié au sein du Mouvement Ecologique d Burkina, depuis 2018, l’organisation annuelle du Salon International de l’Arbre (SIA) afin d’en faire un cadre de réflexion pour la cause de l’arbre. L’objectif global du SIA est de contribuer à la valorisation de l’arbre et à la prise de conscience collective sur son importance dans l’équilibre écologique et pour la survie de l’humanité.
Que représente le SIA dans la congloméra d’initiatives en faveur de l’environnement au Burkina Faso et dans le monde ?
Il faut dire que nous ne sommes pas les seuls à être préoccupés par la situation actuelle des arbres dans le monde et de façon générale par la dégradation de notre environnement mondial. Au niveau national également, il existe plusieurs autres activités du genre en faveur de nos écosystèmes. Le SIA est donc une contribution citoyenne pami tant d’autres. Mais sa spécificité est qu’il s’ouvre à l’international. Il se veut une tribune internationale de plaidoyer pour les arbres. Le SIA vise à sensibiliser les citoyens sur la grande contribution de l’arbre à la survie de l’humanité et sur la nécessité de mener des actions de protection/restauration des espèces en voie de disparition. Il vise aussi à créer un cadre d’échanges multipartite autour des différents usages et utilités de l’arbre. C’est en outre une tribune pour promouvoir les bonnes pratiques en matière de plantation/protection, de valorisation de l’arbre et de ses produits dérivés. A travers le SIA, nous cherchons également à créer une plateforme d’échanges entre l’offre et la demande d’espèces forestières utilitaires entre les usagers des produits forestiers. Enfin, le SIA est une plateforme de promotion d’une économie verte basée sur la valorisation des produits dérivés de l’arbre (PDA). C’est tous ces ingrédients qui font la particularité du SIA.
« Arbre et résilience ». C’est le thème de cette 5e édition du SIA. Pourquoi un tel thème ?
Merci bien pour cette belle question qui nous permet de nous plonger au cœur de cette 5e édition du Salon. Nous savons tous que le contexte sécuritaire dans la sous-région ouest-africaine en général et dans notre pays le Burkina Faso est devenu très critique. Cette situation vient s’ajouter au contexte de changement climatique dont les effets se ressentaient déjà sur les populations. C’est face à cette double crise que nous avons cherché à questionner le ou les rôles que pourraient jouer l’arbre dans le renforcement des capacités de résilience des communautés affectées à la fois par les effets du changement climatique et par l’insécurité. A travers ce thème, nous voulons surtout questionner le rôle que pourraient jouer nos politiques forestières et de valorisation des PFNL dans la construction d’un système de résilience des communautés plus robuste. C’est ce qui justifie le choix du thème de la cinquième édition du SIA : « Arbre et résilience » placé sous la présidence de Roger Baro, ministre de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, le co-parrainage de Adama Doulkom, ancien Coordonnateur National de l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel et de Mme Félicité Yaméogo dite « Maman Karité », Gérante de New Karikis International.
Quelles sont les activités inscrites à ce SIA ?
Cette année, le SIA s’articule autour de trois activités principalement. Il s’agit de la conférence publique, du cross de salubrité et de la foire. La conférence publique de cette cinquième édition prévue le vendredi 07 juillet 22023 dans la salle de conférence du Parc urbain Bangr-Weoogo a pour thème principal : « Arbre et résilience dans un contexte de changement climatique et de crise sécuritaire ». Elle sera organisée en deux panels. Le panel 1 a pour sous-thème « Arbre et résilience des populations dans un contexte de changement climatique et d’insécurité : quelles politiques publiques pour quels résultats ? ». Ce panel sera animé essentiellement par les structures de l’administration publique à savoir le Secrétariat Permanent du Conseil National pour le Développement Durable (SP/CNDD), Secrétariat Permanent pour la REDD+ (SP/REDD+), le Centre National des Semences Forestières (CNSF) et la Coordination Nationale de l’Initiative de la Grande muraille Verte pour le Sahara et le Sahel (CN-IGMVSS). Le panel 2 a pour sous-thème « Contributions des acteurs non étatiques au développement d’approches de résilience des communautés basées sur les ressources forestières dans un contexte de double crise climatique et sécuritaire ». Il sera animé par les acteurs non gouvernementaux intervenants sur le terrain de la reforestation à savoir l’ONG TREE AID, l’Association pour la Protection de l’Environnement et le Développement Rural (APEDR) et l’Association pour l’Éducation et l’Environnement (A2E).
Après cette conférence, nous aurons le samedi 08 juillet 2023 un cross de salubrité entre les échangeurs de l’Est et de l’Hôpital Yalgado pour associer sport et salubrité autour de la forêt urbaine. La troisième grosse activité est foire du SIA ou plus de soixante exposants montreront les richesses que nous pouvons tirer des arbres. Elle se tiendra du 06 au 08 juillet 2023 du Coté de Bangr-Weoogo. Il faut dire pour conclure sur cette question que ces activités seront encadrées par les cérémonies d’ouverture et de clôture prévues respectivement le 06 juillet à 15 heures et le 08 juillet à 14 heures sous la présidence de Monsieur Roger Baro, notre ministre en charge de l’environnement.
Quelles sont les particularités de cette édition ?
La principale particularité de cette édition est qu’elle fait honneur à la moitié du ciel car placée sous le coparrainage de Mme Félicité Yaméogo dite Maman Karité. C’est la première fois que le SIA a une marraine. C’est un fait important à noter. L’autre particularité est l’innovation ajoutée avec le cross.
Qu’avez-vous à dire sur le plan de la participation attendue ?
Nous attendons en tout cas du monde à cette édition. Déjà pour les expositions, nous avons plus de soixante participants, ce qui est un record pour nous. Pour la conférence, nous espérons que la salle refusera du monde au regard de la pertinence des thématiques inscrites au programme. Pour le Cross nous espérons que la jeunesse va répondre massivement à l’appel.
Quel message avez-vous à lancer à la population ?
Le seul message à lancer est celui de la mobilisation. Mobilisons-nous du 06 au 08 juillet 2023 du Côté de Bangr-Weoogo pour magnifier l’arbre qui est source de vie.
Propos recueillis par la Rédaction
