À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Environnement, le Burkina Faso célèbre cette année sous le thème national « L’avenir de nos terres : quelles synergies pour la restauration et la résilience à la sécheresse. » Ce thème fait écho à la thématique mondiale de cette édition, « La restauration des terres, la désertification et la résilience à la sécheresse », et met en lumière les défis et les opportunités spécifiques du pays.
Une urgence environnementale
Le Burkina Faso, situé dans la ceinture sahélienne, est gravement touché par la dégradation des terres et la désertification. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un tiers du territoire, soit plus de 9 millions d’hectares de terres productives, est désormais dégradé, avec une progression estimée à 360 000 hectares par an. Cette situation alarmante met en péril les moyens de subsistance de plus de 80% de la population qui dépend de l’agriculture et de l’élevage.
La sécheresse progresse rapidement, aggravant la vulnérabilité des communautés rurales. Le pays doit restaurer 5 millions d’hectares de terres dégradées pour atteindre la neutralité en termes de dégradation des terres d’ici 2030. Entre 1992 et 2002, 17,5% des forêts du Burkina Faso ont disparu, soulignant l’urgence de mettre en place des actions concrètes et durables.
Défis majeurs
Les défis auxquels le Burkina Faso est confronté sont multiples. Les financements pour les projets de restauration des terres sont insuffisants, et la détérioration de la situation sécuritaire freine l’avancée des initiatives. Les déplacements internes dus aux conflits augmentent la pression sur les régions moins touchées, accélérant ainsi la désertification et la dégradation des terres.
Propositions concrètes et synergies
Pour répondre à ces défis, une approche intégrée et collaborative est essentielle. Quelques propositions concrètes et synergies possibles pour la restauration des terres et la résilience à la sécheresse au Burkina Faso regroupent :
1 – Renforcement des CAPACITES COMMUNAUTAIRES :
- Former les agriculteurs et les éleveurs aux pratiques agricoles durables, telles que l’agroforesterie et la gestion intégrée des ressources naturelles ;
- Promouvoir les techniques traditionnelles efficaces comme le zaï et les cordons pierreux pour améliorer la rétention d’eau et la fertilité des sols.
2 – Utilisation de technologies modernes :
- Mettre en place des systèmes d’information géographique (SIG) et des outils de télédétection pour surveiller la dégradation des terres et planifier des interventions ciblées ;
- Développer des plateformes numériques pour partager les meilleures pratiques et les données sur la gestion des terres.
3 – Mobilisation des financements innovants :
- Créer des mécanismes de financement tels que les paiements pour services environnementaux (PSE) et les crédits carbone pour soutenir les initiatives locales de restauration.
- Encourager les investissements du secteur privé dans des projets de restauration durable et responsable.
4 – Partenariats public-privé et coopération internationale :
- Renforcer les partenariats entre le gouvernement, les organisations non gouvernementales (ONG), le secteur privé et les partenaires internationaux pour mobiliser les ressources nécessaires.
- Mettre en place des programmes de coopération régionale pour partager les expériences et les ressources dans la lutte contre la désertification.
5 – Politiques et réglementations favorables :
- Adopter des politiques et des réglementations qui encouragent la gestion durable des terres et protègent les écosystèmes fragiles.
- Intégrer les objectifs de restauration des terres dans les plans de développement national et les stratégies de réduction de la pauvreté.
6 – Sensibilisation et engagement des communautés :
- Mener des campagnes de sensibilisation pour informer les communautés sur l’importance de la restauration des terres et les impliquer activement dans les projets locaux.
- Organiser des événements communautaires pour promouvoir l’engagement citoyen et la participation à des initiatives de reboisement et de conservation des sols.
La célébration de la Journée Mondiale de l’Environnement 2024 au Burkina Faso est une opportunité cruciale pour réaffirmer l’engagement du pays envers la restauration des terres et la résilience à la sécheresse. En mettant en place des synergies efficaces et en mobilisant toutes les parties prenantes, le Burkina Faso peut progresser vers un avenir durable pour ses terres et ses populations. La route est longue et semée d’embûches, mais avec une action concertée et déterminée, le pays peut devenir un modèle de résilience environnementale en Afrique de l’Ouest.
Emmanuel Diagbouga