Le Burkina Faso, pays sahélien confronté aux aléas climatiques, fait face à des défis hydrologiques majeurs, particulièrement en ce qui concerne la gestion et la mobilisation des ressources en eau. Récemment, la situation hydrologique du pays, marquée par des submersions de routes et des niveaux d’eau fluctuants dans plusieurs barrages, a attiré l’attention sur la nécessité d’une gestion rigoureuse et proactive des ressources en eau. Le Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, à travers la Direction Générale des Ressources en Eau, reste vigilant quant à l’évolution de cette situation, tout en informant et en sensibilisant les populations.
La Submersion Partielle de la RN1 : Un Signal d’Alerte
La Route Nationale N°1 (RN1), axe routier vital pour l’économie burkinabè, a été partiellement submergée au niveau de Pâ, conséquence directe des fortes pluies ayant affecté la région. Bien que le niveau des eaux ait diminué, la chaussée reste dangereusement submergée à 3 cm à cet endroit, créant des risques pour les usagers, en particulier la nuit, où la route demeure fermée à la circulation. À Hèrèdougou, l’eau s’est retirée, mais la prudence reste de mise. Le ministère invite les usagers à se conformer aux consignes de sécurité, notamment en ce qui concerne les restrictions nocturnes de circulation.
Cette situation rappelle l’importance de la veille hydrologique, particulièrement en cette période de l’année où les pluies peuvent entraîner des inondations soudaines. La collaboration entre les autorités locales et la Direction Générale des Ressources en Eau a permis de reprendre progressivement la circulation sur l’axe Boromo-Pâ depuis le 26 août 2024, avec une priorité donnée aux véhicules de transport de marchandises et aux transports en commun, tout en exigeant le respect des mesures de sécurité en place.
Des Barrages sous Surveillance : Une Gestion Précise des Réservoirs d’Eau
Les barrages du Burkina Faso, éléments essentiels pour l’approvisionnement en eau et la gestion des ressources hydriques, connaissent des variations significatives de leurs niveaux d’eau. À Bagré, le niveau d’eau a atteint 235 mètres le 28 août, marquant une augmentation de 16 cm par rapport à la veille, ce qui indique un remplissage au-delà de 100 %. Les populations en aval ont été appelées à la vigilance, en raison de l’ouverture des vannes du barrage et du début du déversement.
Le barrage de Kompienga, bien qu’il ait enregistré une légère hausse de son niveau d’eau à 178,14 mètres, reste en deçà du Plan d’Eau Normal (PEN), nécessitant une attention soutenue pour éviter une éventuelle pénurie en période sèche. La situation est similaire pour le barrage de Ziga, où le niveau d’eau a baissé de 7 cm le 28 août, mais continue de déverser, bien que de manière moins importante qu’en 2023.
Le barrage de Loumbila, quant à lui, enregistre une baisse modeste d’un centimètre, mais reste au-dessus du PEN, garantissant ainsi un apport suffisant en eau pour les populations locales, sous réserve d’une gestion appropriée.
Un Système de Veille Hydrologique Renforcé : Garantir la Sécurité et l’Approvisionnement
Face à ces défis, la Direction Générale des Ressources en Eau a mis en place un système de veille permanente. Ce dispositif vise à informer les populations sur l’évolution des niveaux d’eau et les risques d’inondation, tout en assurant une gestion efficiente des barrages pour maximiser leur contribution à l’approvisionnement en eau et à l’agriculture de contre-saison.
Cependant, malgré ces précautions, la qualité de l’eau reste un sujet de préoccupation, notamment en raison des risques de contamination liés aux déversements des barrages et aux inondations. La gestion équitable de cette ressource vitale entre les différents usagers, qu’ils soient agriculteurs, industriels ou populations locales, demeure un défi de taille pour les autorités burkinabè.
La situation hydrologique actuelle au Burkina Faso met en lumière l’importance cruciale de la gestion des ressources en eau, non seulement pour assurer la sécurité des populations mais aussi pour soutenir le développement socio-économique du pays. Le Ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Assainissement, en collaboration avec la Direction Générale des Ressources en Eau, continue de suivre de près l’évolution de la situation, tout en invitant les citoyens à la prudence et au respect des mesures de sécurité. La mobilisation des ressources en eau, dans ce contexte, ne se limite pas à leur exploitation mais inclut également leur protection, leur gestion durable, et l’information continue des populations, éléments essentiels pour faire face aux défis actuels et futurs.
Emmanuel DIAGBOUBA