Le ministère de l’Environnement de l’Eau et de l’Assainissement a mis en place une stratégie nationale de gestion des déchets plastiques 2023-2027. Dans cette interview, Roger Barro Directeur Général de la Préservation de l’Environnement parle des missions de son département et des objectifs de la stratégie nationale de gestion des déchets plastiques.
Envirinfos : Présentez-vous à nos lecteurs.
Je suis Roger Barro, Directeur Général de la Préservation de l’Environnement, au ministère de l’Environnement de l’Eau et de l’Assainissement.
Envirinfos : Quelles sont les missions de la Direction Générale de la Préservation de l’Environnement ?
Roger Barro : Conformément au décret 2022 du 2 décembre 2022, portant attribution des membres du gouvernement, le ministère assure la mise en œuvre et le suivi des politiques en matière d’environnement, d’eau et d’assainissement. Pour la conduite de cette mission, le ministère est organisé en 10 programmes budgétaires dont le programme 097 assainissements et amélioration du cadre de vie.
Pour la mise en œuvre de ce programme, la direction générale de la préservation de l’environnement intervient comme responsable du programme et a pour mission le suivi et la mise en œuvre de la politique nationale en matière d’amélioration de cadre de vie, de lutte contre les pollutions et nuisances diverses, d’aménagement paysager et d’éducation environnementale.
Envirinfos : Que doit-on entendre par préservation de l’environnement ?
Roger Barro : La préservation de l’environnement se décline à travers les missions que nous effectuons, des missions de prévention pour éviter que la pollution ne survienne, délivrer les actes qui permettent aux usagers d’être conformes à la règlementation, des missions de sensibilisation pour le changement de comportement à travers l’éducation environnementale, des actions d’amélioration du cadre de vie à travers des aménagements paysagers, des actions de suivi de la qualité de l’environnement à travers des analyses d’eau, des sols et de l’air.
Envirinfos : Quel est l’état des lieux de la dégradation de l’environnement au Burkina Faso ?
Roger Barro : C’est difficile d’avoir des chiffres car quand on dit dégradation de l’environnement, il y a plusieurs composantes. Il y a la composante ressources naturelles, la composante qualité de l’air, la composante sol, la composante eau. Donc il est hasardeux de donner des chiffres. Mais on a des rapports. Le rapport sur la qualité de l’environnement qui est à sa 4e édition fait un peu la situation. De manière générale on peut dire qu’il y a une dégradation continue sur certains aspects tels que les terres. On a aussi la pollution liée aux déchets plastiques.
Envirinfos : Quelles sont les principales causes de la dégradation de l’environnement au Burkina Faso ?
Roger Barro : Il y a des causes naturelles liées à la dynamique climatique qui peuvent entrainer la détérioration. Il y a les causes anthropiques qui sont liées à l’action de l’homme. Pour ce qui nous concerne pour la qualité de l’environnement, c’est la mauvaise gestion des déchets en général et des déchets plastiques particulièrement avec la pollution plastique que nous voyons.
« Les citoyens doivent diminuer l’utilisation des sachets plastiques tant que c’est possible »
Envirinfos : Quel est l’ampleur de l’utilisation des sachets plastiques au Burkina Faso ?
Pour l’ampleur, c’est une utilisation normale, c’est un bien utilitaire. Plus la population augmente, plus l’utilisation augmente. Nous recevons des avis pour demander l’importation des emballés et sachets plastiques biodégradables, l’importation des sachets plastiques non bio dégradables.
Envirinfos : En 2014, l’Assemblée Nationale a adopté une loi portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradable. Quelle est votre appréciation de la mise en œuvre de cette loi et quels sont les résultats atteints à ce jour ?
Roger Barro : La mise en œuvre de la loi est effective. Quand la loi a été adoptée, on a pris des textes d’application. Un décret, deux arrêtés pour coordonner la mise en œuvre. A cet effet, il y a des actes administratifs qui ont été délivrés : des certificats d’homologation pour les emballés et sachets plastiques biodégradables, des certificats d’exemption pour les emballés et sachets plastiques non bio dégradable. On fait également des contrôles chez les consommateurs, importateurs pour voir s’ils ont des documents requis. Avec ces contrôles nous avons des taux de respect de 67%.
Envirinfos : Quelles sont les sanctions prévues par cette loi ?
Roger Barro : Les sanctions sont de divers ordres. Par exemple, si vous utilisez des produits qui étaient dans des emballages et sachets plastiques et ces emballages et sachets plastiques deviennent des déchets et que vous jetez dans la nature sans autre forme de gestion harmonisée, on doit vous sanctionner. Suite à un procès-verbal dressé vous devez payer 10 000F.
Quand vous occupez également un site pour faire des activités et qu’à la fin le site est jonché de déchets plastiques, vous êtes amendables. Vous devez payer 50 000f et en plus vous nettoyez le site.
Envirinfos : Y a-t-il des personnes qui ont déjà été condamnées en application de cette loi ?
Roger Barro : A notre niveau on a convoqué des gens qui ont été contrôlé pour la mise en œuvre de la loi parce qu’ils n’ont pas les documents requis. Des Procès-verbaux ont été dressés et il y a eu des sanctions pécuniaires.
Envirinfos : Vous avez mis en place une stratégie nationale de gestion des déchets plastiques 2023-2027. Quels sont les objectifs visés à travers cette stratégie ?
Roger Barro : Dans le secteur des déchets plastiques on n’avait pas un outil de planification. Le premier objectif, c’est d’avoir un outil de planification qui harmonise les interventions de tous les acteurs. Dans la vision de la stratégie à l’horizon 2027, le secteur des déchets plastiques est porté par des initiatives modernes s’inscrivant dans une optique de circularité, compétitif, créateur d’emplois verts décents garantissant un environnement sain aux fils et filles du Burkina.
Envirinfos : De façon concrète comment se fera la mise en œuvre de cette stratégie ?
Roger Barro : La stratégie est assortie d’un plan d’action et la mise en œuvre est collective. Chaque composante à savoir la société civile, le secteur privé, le secteur public va mettre en œuvre sa partie et il y a un mécanisme de suivi évaluation qui permettra de voir dans trois ans comment le plan a été mis en œuvre.
Envirinfos : Comment compter vous impliquer la population dans cette stratégie ?
Roger Barro : Oui, elle est impliquée. Vous verrez qu’on va demander aux citoyens d’utiliser moins les sachets plastiques, d’utiliser les emballages tels que les sacs en tissus, les emballages en cartons. Le succès de la stratégie repose sur l’engagement du citoyen.
Envirinfos : avez-vous un mot à l’endroit de la population ?
Roger Barro : Nous demandons à la population de suivre les orientations politiques. Diminuer l’utilisation des emballages et sachets plastiques tant que c’est possible. L’alternative c’est de concevoir des sacs en tissu qu’on peut utiliser pendant un long temps.
M’pempé Bernard HIEN